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GEORGES EBELLE, promoteur agribis

La plate forme AGRIBIS crée par Agrocom relie désormais les professionnels du secteur agricole aux marchés agricoles et facilite l’accès des petits producteurs aux marchés. Les informations (prix, offre d’achat, de vente…) sont envoyées ou reçues par SMS à la demande. Son promoteur, Georges Ebelle explique son fonctionnement et livre les avantages de cet outil qui révolutionne les échanges entre producteurs et clients.

Qu’est-ce que Agribis ?

AGRIBIS  est un système d’information sur les marchés agricoles (SIM) de deuxième génération (basé sur les TIC) qui relie les Hommes, les métiers et les marchés. Il est conçu pour mettre en un réseau unique, les différents acteurs du monde rural que sont: les agriculteurs, les agro-fournisseurs, les commerçants, les importateurs et les exportateurs de produits et intrants  agricoles.

AGRIBIS est une plateforme de convergence entre le téléphone mobile et Internet qui permet :

(i)     d’accéder très facilement aux données commerciales par téléphone portable (SMS), fax, ou Internet, donnant ainsi l’opportunité aux agriculteurs, éleveurs commerçants, importateurs et aux exportateurs de recevoir quotidiennement et en temps réel, des informations sur les prix (gros, délais) sur les différents marchés agricoles au Cameroun et dans cinq pays européens (France, Belgique, Allemagne, Suisse, Espagne) ;

(ii)    de recevoir par SMS sur son téléphone mobile à la demande, des prévisions météorologiques hebdomadaires  détaillées des villes dans le monde, ou des alertes sur « les épidémies et ravageurs de cultures ou des épizooties et zoonoses» dans chaque région du Cameroun ;

(iii)   de poster en temps réel par SMS à partir du téléphone mobile des offres d’achat et de vente des produits ou intrants agricoles auprès de l’ensemble de la communauté.

(iv)   de créer des graphiques  grâce à son intégration avec Google Maps, qui facilitent la réalisation des prévisions de production, ou la comparaison des prix entre les différents marchés d’un pays, ou entre les marchés d’un pays et d’un autre, dans le but entre autres d’identifier les nouvelles opportunités d’affaires, etc.

(v)    Enfin, cet outil offre la possibilité aux agriculteurs, aux éleveurs, aux commerçants, aux exportateurs, qui le désirent de solliciter que l’équipe de AGRIBIS leur créent et gèrent gratuitement leurs sites web personnalisés (blogs) à travers lesquels ils peuvent présenter leurs services et leurs offres.

AGRIBIS met en réseau les différents groupes d’acteurs qui interviennent dans le secteur agricole afin qu’ils échangent des informations stratégiques (sur les marchés, par exemple), et qu’ils entreprennent des activités conjointement sans que leur autonomie personnelle n’en soit réduite.

En définitive, AGRIBIS tel qu’il se présente actuellement regroupe les cinq (5) spécificités propres au SIM de deuxième génération :

  1. Il améliore l’offre d’information destinée aux acteurs du marché (fiabilité, délai, diversité, accessibilité) ;
  2. Il renforce l’impact de l’information, par la fourniture de services complémentaires destinés aux acteurs de marché ;
  3. Il répond mieux aux besoins d’information liés à l’élaboration, la mise en œuvre des politiques publiques ;
  4. Il améliore la réactivité et la capacité d’ajustement du Système National d’Alerte Rapide ;
  5. Il peut atteindre facilement son autofinancement pour peu que les acteurs sont impliqués et qu’ils se l’approprient

Pour ce qui a trait à son fonctionnement, les données sont collectées dans les marchés ciblés au Cameroun (120 marchés) par des agents assermentés relevant des ministères de l’agriculture et de l’élevage et du commerce ou par des agro-fournisseurs. Ces données sont transmises dans la plateforme AGRIBIS par téléphone mobile ou par Internet, et un responsable des données vérifie la véracité des informations entrantes et les valide de manière à garantir la constance de la qualité de celles-ci.  Après approbation, elles sont enregistrées dans la base de données et stockées sur un serveur en ligne. AGRIBIS permet aux utilisateurs d’accéder par SMS (au moyen d’un numéro court) ou en ligne, aux informations d’actualité comme aux données archivées à moindre coût.

Quant aux données sur les marchés européens, une convention lie AGROCOM au Centre de Commerce International pour la fourniture des données en ligne.

A quels besoins répond cet outil ?

Aux besoins d’informations à différents niveaux. En effet, l’expérience acquise dans la dynamique d’organisation, de structuration et de renforcement capacitaire des paysans au cours des dix sept dernières années, nous a permis d’observer que l’absence d’informations correctes et appropriées sur les marchés, constitue un obstacle majeur aux efforts déployés par tous les intervenants du secteur agricole. En effet,  l’accès insuffisant aux informations sur les marchés empêche les agriculteurs de suivre l’évolution des prix et réduit leur capacité à négocier avec les commerçants.

Plus généralement, les producteurs  manquent : (i) de connaissance du marché et des prix (asymétrie informationnelle), (ii) de connaissance de leurs propres capacités de production ; (iii) d’accès aux marchés financiers (crédit) et aux intrants ; (iv) de capacité de stockage pour jouer sur les prix ; (v) de capacités d’attendre avant de vendre leur production (besoin de trésorerie) ; (vi) de capacités de gestion économique de leur exploitation. Et, tant que ces asymétries de pouvoir n’auront pas disparu, la libéralisation des filières s’effectuera au détriment des plus faibles.

Dans un contexte marqué par : (i) une forte demande des informations (statistiques pertinentes sur les filières) nécessaires au pilotage de la Stratégie pour la Croissance et l’Emploi, de la Stratégie de Développement du Secteur Rural, et de la faiblesse de coordination des initiatives ; (ii)  de la faiblesse des capacités d’analyse de l’impact des politiques agricoles par les acteurs étatiques, et de (iii) la faiblesse du Système Nationale d’Alerte Rapide et la vétusté du système de collecte et de diffusion des données météorologiques préjudiciables au développement des filières agricoles, AGRIBIS devrait être perçu par la Puissance Publique comme  un moyen de sortir d’une impasse. En effet, AGRIBIS permet à la fois : (i) de «faire sortir» l’information sur les filières et de mettre en place un outil transversal d’évaluation de l’impact du projet publique sur  le développement ; (ii) d’être un outil d’amélioration de la gouvernance, et enfin, (iii) un outil d’information, d’animation et de dissémination des contenus

Enfin, du côté des bailleurs de fonds et des organismes d’appui, AGRIBIS a pour objectif d’améliorer, à court et moyen terme, l’efficacité des projets sectoriels qu’ils financent. En effet, le manque d’information fiable et le cloisonnement de l’information existante constituent un handicap pour l’identification et l’instruction des projets, puis pour l’évaluation de leur impact. Dans un tel contexte, AGRIBIS devrait être perçu comme la clé de cette rationalisation puis qu’il facilitera une plus grande diffusion des informations stratégiques

Quel apport pour le monde rural ?

Notre action vise en priorité à : (i) fournir à moindre coût aux acteurs des marchés agricoles des informations de marchés stratégiques, facilement accessibles (par SMS), fiables et en temps réel, pour palier aux asymétries d’informations, et renforcer le pouvoir de négociations des producteurs vis-à-vis des commerçants, agro-fournisseurs ou importateurs, ou d’affiner leur stratégie commerciale en tirant parti des avantages offerts par le système commercial devenu « transparent» ; (ii) aider la Puissance Publique à mieux répondre aux besoins d’informations liés à l’élaboration et la mise en œuvre des projets agricoles, des politiques et stratégies agricoles ou plus généralement des politiques publiques. Le monde rural pourrait ainsi tirer profit de l’amélioration des l’environnement du secteur qui s’en suivrait pour développer davantage les productions agricoles. (iii) Aider la Puissance Publique à améliorer la réactivité et la capacité d’ajustement du Système National d’Alerte Rapide et du Système de collecte et d’Information Météorologiques en panne depuis des décennies, et aux acteurs des alertes météo et épidémies, nécessaires dans la conduite de leurs exploitations.

Quelle est son évolution ?

La plateforme AGRIBIS dédiée aux produits agricoles est opérationnelle,  en ligne et consultable sur www.agribis.biz. 400 000 acteurs s’y sont inscrits. Pour ce qui concerne le module « intrants agricoles », nous organisons à Douala les 17 et 18 octobre 2012, un atelier de concertation avec les agro-fournisseurs du Cameroun pour définir les points-clés qui nous permettrons d’implémenter ce module et de l’intégrer à AGRIBIS dans les deux prochains mois.

Dans le même temps, conscient de la faible dotation en infrastructures et en équipements de télécommunications dans les régions rurales, et de l’analphabétisme, nous avons orienté notre travail dans le développement des applications mobile. Ainsi, l’application mobile est déjà disponible dans ses versions Java et Androïd et nous entamerons bientôt la version RIM.

En l’accord du Ministère de l’Elevage, des Pêches et des Industries Animales au Cameroun, nous lancerons en  début 2013 des travaux qui nous conduirons vers le développement d’un module « marché à bétail », plus complexe, car intégrant un Système d’Information Géographiques sur les parcours de transhumance.

Quels sont les obstacles ?

Une telle activité est en règle générale exposée à deux types d’obstacles : (i) les obstacles opérationnels qui ont une incidence dans l’atteinte des résultats, et (ii) les obstacles externes. Parmi les obstacles opérationnels, le plus important est que le monde rural est très peu réceptif à l’innovation. Pour lever cet obstacle, nous avons adopté une démarche itérative entre la mise au point de l’outil technique et la construction d’un cadre de concertation entre ses bénéficiaires. Grâce à cette démarche, nous avons crée une interactivité technique entre AGRIBIS et ses bénéficiaires, ce qui a facilité l’implication et l’adhésion des bénéficiaires, comme le démontre le nombre d’inscrits à AGRIBIS à ce jour.

Parmi les obstacles externes, le « risque technologique » caractérisé par un affaiblissement du réseau de téléphonie, du faible taux de couverture ou des difficultés de connexion en milieu rural est celui auquel nous sommes le plus exposé et auquel, nous ne pouvons rien.

Par Charles NGAH NFORGANG


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